Gilles Martin-Chauffier dont les responsabilités médiatiques incombent aux ténors de l'entreprise européenne de dilution des nations [1], se fait caisse de résonnance, sur un fond sentimentaliste bien composé, dans "Le Roman de la Bretagne". En s'appuyant sur une déformation grotesque [2] de l'Histoire - la volonté des rois de France «d'éliminer les Bretons» - il écrit à ces derniers qu'on leur «cache leur passé». A défaut de leur dire l'avenir qu'il leur prépare, qu'il reconnaisse au moins au ministère parisien de l'Education Nationale le mérite de participer à l'oblitération de la mémoire régionale et de lui permettre ainsi d'écrire des âneries sans ciller!
Si je pouvais donner à Martin-Chauffier le bénéfice du doute, je déplorerais sa naïveté et lui rappellerais que le Kosovo est le prototype de la genèse régionale européenne, telle que les Bretons la vivront intensément, quand - fiction didactique - la communauté albanaise, alors majoritaire à Pontivy, proclamera, conformément au droit européen, l'indépendance du chef-lieu et fera reconnaître par Bruxelles la République Démocratique Albanaise de Bretagne. Cette démarche aura la bénédiction de l'OTAN, puisque - fiction toujours - la nouvelle république aura permis la construction d'une base militaire américaine, comme ce fut le cas au Kosovo avant que ce berceau de la Serbie devînt indépendant. Plus près des faits, le processus Kosovar est un galop d'essai; le pouvoir qu'aura bientôt la Bretagne de traiter directement avec Bruxelles ira de pair avec la possibilité qu'on donnera à une communauté majoritaire en son lieu de réclamer son indépendance en tant que «région européenne»...
Pierre Hillard: «la manipulation du Kosovo»
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Pierre Hillard, professeur de Relations Internationales, a dévoilé à ses lecteurs le dessein européen de dilution nationale avec autant de pertinence, que Martin-Chauffier écrivait avec fantaisie. Ce dernier profite du désir régional de secouer le joug national, pour vanter les mérites imaginaires d'un système encore plus centralisateur! Car traiter directement avec Bruxelles impliquera une dépendance financière tout aussi directe. La Commission Européenne exigera alors une obéissance sans faille, envers une administration dont les directives échappent au suffrage universel.
Nigel Farage à Van Rompuy, PDG de la Commission Européenne:
Comprenons bien ce qui est en jeu, au vu des pressions exercées par les coteries bien dotées qui, à Bruxelles, défendent les intérêts de multinationales telles que Monsanto. Que pourront faire les paysans bretons, si demain José Manuel Barrosso exige d'eux, avec sanctions financières à la clef, qu'ils cultivent des OGM qui ont sa faveur? Le dialogue direct avec Bruxelles n'est pas en lui-même un garant du bon droit de disposer de soi-même en tant que région - Martin-Chauffier feint de l'ignorer...
Denis Jaisson
[1] Martin-Chauffier est le rédacteur en chef de Paris-Match. En ce qui me concerne, sa fonction se résume en ces mots: Martin-Chauffier obtint le Prix interallié, en 1998, pour son livre: "Les Corrompus"; c'est du haut de la tour de Babel, que satan ricane le plus fort… Au "Roman de la bretagne", Ouest-France fit un accueil complaisantet sentimental; François Régis Hutin, le PDG de ce quotidien a, lui aussi, mérité le Prix de l'Atlantisme.
[2] C'est l'atavisme Martin-Chauffier. Louis Martin-Chauffier (grand-père de Gilles) dont Paul Rassinier* vanta les broderies littéraires : «il semble que rien ne leur plaise (aux S.S.) qui ne soit artificiel: et la margarine qu'ils nous distribuaient chichement prenait pour eux toute sa saveur d'être un produit tiré de la houille» ("L'homme et la bête", Gallimard, 1947, p.95).
* "Le mensonge d'Ulysse", éd. La vieille Taupe, 2ème partie, ch.3